Créé en 1982 pour la création de la 1ère route forestière de « Meillarot » (commune de Villard de Lans).
2 articles sur les limites de la circulation en forêt
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« Ils ne se rendent pas compte qu’ils peuvent mourir écrasés par un arbre » : le cri d’alarme de l’ONF face à certains comportements à risque

L’ONF déplore que le public ne respecte pas les mesures de sécurité lors des coupes de bois en forêt. Un conflit d’usage qui s’accentue avec la surfréquentation des massifs. Il rappelle le danger mortel permanent pendant toute la durée d’un chantier.

Ingrid Debiolles – 22 mars 2025 à 11:41 | mis à jour le 22 mars 2025 à 17:58 – Temps de lecture : 3 min

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Malgré la signalisation, promeneurs et cyclistes circulent librement pendant que le bûcheron coupe des arbres, sans prendre conscience du danger. Photo Le DL/I. D.

Huit cyclistes, quatre motos et 12 randonneurs en seulement deux heures. C’est le bilan de fréquentation de la route du col de l’Épine, jeudi midi, alors que le thermomètre frôle les 20 °C. Pourtant la voie est fermée à la circulation tout l’hiver et particulièrement en ce moment, juste avant le sommet, pour un chantier de coupe de bois.

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D’imposantes barrières “chantier interdit au public” barrent la route, ce qui n’empêche pas la plupart de les franchir, sans prendre conscience du danger. « Un arbre de 4 ou 5 tonnes qui tombe de 30 mètres de haut, on ne peut pas le retenir et un bloc de rocher peut partir avec », alerte Raphaël Solivérès, responsable de l’unité territoriale de Chambéry à l’Office national des forêts (ONF).

Des barrières poussées et des rubalises arrachées

C’est justement ce qui se passe, ce jeudi midi. « Quand j’ai tiré le bois, j’ai vu un bloc de 500 kg rouler », raconte le bûcheron débardeur chargé d’abattre les arbres morts au bord de la route. « Avec la pente, il a dû prendre de l’élan et sauter par-dessus la route. Si un vélo ou une voiture passe à ce moment-là, c’est un carnage… »

Casque sur les oreilles et télécommande à la main, il n’a pas toujours son tracteur à portée de vue. « Là par exemple, pour éviter que l’arbre ne tombe sur le mur, j’ai accroché un câble. Si un gars l’enjambe au moment où je le tends, il se fait couper en deux. Certains sont un peu inconscients. Ce matin, un père est passé à 20 cm du tracteur avec ses deux enfants, il ne s’est pas posé de question… »

Le responsable de l’ONF s’avoue impuissant : « On ne peut pas faire plus ! Depuis l’accident de 2018 [lire par ailleurs, NDLR], on a augmenté nos curseurs sur la sécurité. Les communes et le Département prennent des arrêtés. On demande aux entreprises de travaux forestiers de baliser les routes, les pistes forestières et les sentiers, avec des panneaux très clairs et des rubalises. L’ONF veille à la signalétique et à la qualité d’exploitation. La police municipale et les gendarmes verbalisent les piétons, cyclistes et automobilistes qui ne respectent pas l’interdiction de circuler. »

Une sécurité qui a un coût, car il faut vérifier, chaque jour, que la signalisation n’a pas été arrachée ou déplacée par des mécontents. Et qui ne résout pas tout, quand certains passent par des endroits non balisés. « Le problème c’est que les chantiers en forêt peuvent durer plusieurs mois et s’étendre sur 5, 10 ou 20 hectares donc on ne peut pas les barricader. »

 « Ce n’est pas pour les embêter qu’on leur interdit l’accès, c’est pour leur sécurité »

Le sujet tend tout le monde. Le public revendique son droit d’aller où il veut, quand il veut. Les agents de l’ONF et les bûcherons redoutent chaque jour le pire. Quand ils essayent de discuter, ils se font envoyer balader, voire insulter, la moitié du temps. « Le mois dernier au Bourget-du-Lac, on s’est même fait menacer physiquement par des gens qu’on a voulu sortir d’un chantier », se souvient Raphaël Solivérès. « Ils ne conçoivent pas de faire demi-tour, et encore moins quand c’est la période des champignons. Alors que quand il y a un incendie en forêt, là ils comprennent tout de suite. Ils ne se rendent pas compte qu’ils peuvent mourir écrasés par un arbre. Ce n’est pas pour les embêter qu’on leur interdit l’accès, c’est pour leur sécurité.  »

Si certains acceptent de rebrousser chemin sans rien dire, d’autres sont plus radicaux, comme ce cycliste passablement énervé ce jeudi : « Ma sécurité, je m’en occupe. Si je dois crever aujourd’hui, c’est que c’est mon heure ! »


Savoie Pourquoi les vététistes sont désormais interdits de prendre le funiculaire de Bourg-Saint-Maurice

Alertée par l’Office national des forêts (ONF) et une entreprise privée dans le cadre de la création d’une piste bleue de VTT, la commune de Bourg-Saint-Maurice a fait interdire le funiculaire à tous les vélos à partir de ce lundi 24 mars. Explications avec Tom Buet, élu délégué au développement de l’outdoor.

Cyprien Durand-Morel – 24 mars 2025 à 16:23 | mis à jour le 24 mars 2025 à 17:56 – Temps de lecture : 3 min

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« La forêt domaniale de l’Arbonne est une barrière naturelle contre les crues. Si les arbres sont endommagés par les VTT, c’est notre sécurité qui est en jeu », avertit l’élu municipal Tom Buet. Photo Andy Parant

« On ne veut pas que la destination Bourg-Saint-Maurice – Les Arcs soit le rassemblement des freeriders en mars avril », affirme avec fermeté Tom Buet, élu délégué au développement de l’outdoor pour la commune de Haute Tarentaise. Depuis ce lundi 24 mars, le maire borain Guillaume Desrues a demandé à ADS, exploitant des remontées mécaniques de la station des Arcs, d’interdire, pour une durée indéterminée, tous les vélos qui souhaiteraient emprunter le funiculaire.

Un changement de braquet radical de la municipalité, motivé par une accumulation d’incivilités d’une minorité de vététistes qui évoluent en dehors des sentiers balisés. « On a aperçu sur les réseaux des vidéos de jeunes qui pratiquent le freeride, s’en vantent, et en font une activité mercantile. Ils ne pensent qu’à leur intérêt personnel, en recherchant les likes, des sponsors et en obtenant des rémunérations », déplore l’élu, grand amateur de VTT. « Certains pilotes ont construit leur carrière sur des images sensationnelles sur des sites non autorisés », regrette son collègue Frédéric Horny, ancien jeune vététiste prometteur.

Après des premières remontrances auprès de ces freeriders, de nouveaux signalements de détérioration ont été transmis à la municipalité ce week-end.

Les VTT ne peuvent pas nous dire qu’ils n’ont pas le terrain de jeu idéal pour s’exprimer

En forêt, des traces de 50 centimètres de large se dessinent, coupant de petits arbres et des racines. Interdite par la loi, la pratique du freeride implique parfois la traversée de parcelles privées en forêt, mais aussi dans le village des Eulets. Les jardins, talus, et murs de propriétaires sont utilisés comme des rampes de figures par les jeunes vététistes indépendants. La collectivité a décidé de passer la seconde pour freiner une pratique qui attire de plus en plus d’adeptes. « Quinze ans en arrière, ils étaient dix dans l’hiver. Dimanche, les agents du funiculaire ont compté vingt-cinq freeriders par remontée, sur les 1 300 passages par jour que l’on accueille de mars à avril », souligne Frédéric Orny, chargé de mission outdoor pour la commune. D’autant plus que des riders venus de toute la Région participent à des événements informels sur les sentiers non balisés des Arcs. Conjointement avec l’ONF, le maire borain réfléchit à déposer une plainte contre X en gendarmerie.

L’incompréhension et l’agacement est davantage marqué au sein de la municipalité, qui se félicite des deux pistes balisées du bike parc, d’un club de VTT et des dix sentiers cadastrés communaux, partagés avec les piétons, et les chevaux. « Les VTT ne peuvent pas nous dire qu’ils n’ont pas le terrain de jeu idéal pour s’exprimer », avance Tom Buet, qui souhaite faire du site, un lieu privilégié d’entraînements.

Des projets de cross-country entre Arc 1 600 et 1800, à la base de loisirs de kayak, de piste bleue entre Arc 1 600 et la Moratte, et l’organisation d’un festival de vélo l’an prochain, et la création d’une piste extrême sont sur la table. « On a de la chance que l’ONF veuille coopérer pour créer des pistes, mais tout peut voler en éclats si ça va trop loin », alerte Frédéric Orny. Afin de prévenir plutôt que de panser une plaie déjà ouverte, la municipalité pourrait faire appel à l’office français de la biodiversité (OBF), l’ONF, et le garde champêtre, pour contrôler les « têtes dures du VTT », amendables jusqu’à 1 500 €.

« On ne va pas envoyer l’armée, recruter trente gardes forestiers ou demander à la police municipale de contrôler tous les vététistes, qui pour la majorité, se montreront compréhensifs. » Un motif législatif est en cours de réflexion pour encadrer la pratique du VTT, comme c’est le cas en ski hors-piste sur la réserve naturelle de Villaroger. Les vététistes devraient se rendre jusque dans les Pyrénées pour trouver un funiculaire qui les achemine sur des sentiers en mars – avril.